mercredi 30 janvier 2013

La légitime défense expliquée à ma fille (de 4 ans 1/2)


Quand on devient flic, on croirait pas comme ça mais on apprend plein de choses à l'école de police : rédiger un rapport, établir un procès-verbal, effectuer les gestes et techniques de police en intervention, connaître le droit pénal et la procédure pénale, etc...
Parmi toutes ces choses,  l'une des plus importantes qui nous est enseignée, c'est la notion de légitime défense. Parce qu'il en va de notre vie et de celle des autres...


Le Code Pénale dispose :

 Article 122-5
N'est pas pénalement responsable la personne qui, devant une atteinte injustifiée envers elle-même ou autrui, accomplit, dans le même temps, un acte commandé par la nécessité de la légitime défense d'elle-même ou d'autrui, sauf s'il y a disproportion entre les moyens de défense employés et la gravité de l'atteinte.

L'article est précis : l'attaque doit être injuste, la riposte doit être immédiate et proportionnée à l'attaque... Pas toujours évident à mettre en pratique mais ce sont les termes de la loi !

Il y a quelques temps, ma fille se faisait embêter par un garçon de sa classe qui lui tirait les cheveux "pour jouer"... Je lui avais dit qu'elle devait prévenir aussitôt la surveillante  mais elle m'a répondu qu'elle était déjà occupée et qu'elle ne regardait pas toujours... Je lui ai alors conseillée de se défendre mais sans chercher à faire mal, juste pour repousser le vilain petit garçon avant d'aller prévenir un adulte.


 La légitime défense à l'épreuve de la réalité...


Vendredi dernier, comme chaque vendredi, je vais cherche ma fille à la sortie des classes à 16h30. Les parents sont dans la cour et attendent l'ouverture des portes. Les maîtresses sortent une par une et libèrent les bambins tout excités mais la porte de la classe de ma fille reste désespérément fermée... Les parents commencent à s'interroger sur la possibilité d'un kidnapping collectif pour protester contre la semaine de 4 jours 1/2, quand la porte s'ouvre enfin. 
Et là, c'est le drame : la maîtresse en colère tient par une main ma fille (pas fière du tout !) et dans l'autre, un petit camarade tout rouge... !La mère du petit garçon et moi ne sommes pas très fière non-plus... Mais la maîtresse nous explique calmement que ma fille a été bousculé par son petit camarade au moment d'aller s'asseoir pour attendre les parents et que, vexée, elle lui aurait demandé de s'excuser, ce qu'il aurait refusé de faire. Elle lui aurait alors envoyé une droite ! ! !

Bon, disons-le tout de suite : ça ne se fait pas !
Et je me suis empressé de lui dire. 
Mais j'avoue que, intérieurement, je me suis dit que le jour où elle serait importunée, elle aurait certainement suffisamment de caractère pour se faire respecter. Et ça ne me déplait pas !

Quelques ajustements nécessaires...

La maîtresse leur a fait la morale, la mère du copain et moi avons acquiescés et j'ai promis de trouver une punition adaptée : elle devait inviter des copines à la maison, ce sera pour une autre fois. Manquerait plus qu'elle les invite pour les taper !....
Ils se quittent en se faisant un bisous.
 
En repartant à la maison, je demande à ma fille ce qui s'est passé exactement. Elle me confirme qu'elle l'a frappé uniquement parce qu'il l'a un peu bousculé et qu'il a refusé de s'excuser ensuite ! C'est vrai que je suis parfois "un peu" à cheval sur la politesse... Mais là, on est loin d'une attaque injuste et la riposte n'est pas du tout proportionnée... Je le fais remarquer à ma fille qui n'a pas l'impression d'être allé trop loin !

Là, je me dis qu'il faut que je réajuste sérieusement mon cours sur la légitime défense...







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